Humour (le plus noir possible)
Spectacles d'humoristes dont on est fan, mais aussi émissions de radio ou analyse plus poussée d'une personnalité comique : voilà ce qui vous attend ici. Un seul critère : ça doit être drôle et méchant, sinon on n'en veut pas…si c'est absurde et politiquement incorrect c'est encore mieux…et quand il y a une certaine classe, on applaudit de deux mains.
# LE CAS EDOUARD BAER
On a beau adorer Edouard Baer à la télé, on reste dubitatif quant à sa carrière de cinéaste, non qu'il n'en ait pas les capacités, loin de là, mais il semble qu'il manque d'ambition et n'ose pas aller au bout de ses envies. Sans jouer au critique tendance psy, regardons ses deux films de plus près et répétons encore qu'ils nous ont pas mal fait marrer.
¾ « La Bostella »
Dans son premier film, on retrouve tout son univers complètement barré et doucement absurde. Entouré de sa bande de comédiens fétiches (en premier lieu le personnage de Chico qui perso ne m'a jamais tellement fait rire), Edouard Baer joue ce qui semble être son propre rôle (un comique de la télé qui a le vent en poupe et doit assurer une émission humoristique de 30 minutes en direct tous les soirs). Le pitch est simple (on a du mal à croire qu'ils se sont mis à deux pour écrire scénario et dialogues) : l'équipe de l'émission se retrouve pendant le mois d'août dans une villa dans le Sud pour répéter et mettre au point des sketchs, drôles si possible. A part ça, Edouard se fait draguer par une jolie maraîchère, il inaugure un magasin de meubles (une des scènes les plus drôles du film), sympathise avec le voisin qui a l'air très cool jusqu'à ce qu'il se sente à l'aise et se révèle être un gros antisémite, doit rendre des comptes à sa productrice (Isabelle Nanty, extra comme d'habitude), se bourre la gueule dans les bistrots, s'inquiète pour sa santé (et ce n'est pas le doc ¾ joué par Rollin, excellent ¾ qui va le rassurer), accueille ses parents « Toune et Jacky » qui sillonnent la campagne avec leur camionnette pour faire des spectacles pour enfants, et bosse un peu mais alors juste un peu.
La magnifique jeep en carrelage de salle de bain bleu me donnerait presque envie de passer mon permis, mais vu que j'ai déjà du mal à maîtriser ma trottinette, je crois que je vais m'abstenir. Et puis, le film finit de façon très symbolique par la première émission de la rentrée avec Belmondo comme invité principal : tout est prêt, Edouard fait le tour des loges et a un mot et un sourire pour chacun, l'ambiance est bonne sauf que, une fois sur le plateau, l'invité n'est pas là : c'est son père qui s'assoit à l'emplacement prévu pour lui avec un panneau « Jean-Paul Belmondo » autour du cou. Un peu comme une métaphore du film : Edouard se tire une balle dans le pied et refuse de faire du cinéma. Complexe de l'humoriste qui a peur qu'on ne le prenne pas au sérieux ? Peut-être, j'en sais rien, j'suis pas psy mais c'est dommage parce qu'il pourrait nous faire du Woody Allen ou du Wes Anderson en plus farfelu ou encore du Cassavetes en plus drôle. Son deuxième film, « Akoibon » illustre cette « théorie » jusque dans son titre qui s'excuse déjà de ne pas aller au bout de ce que peut être le cinéma.
Extraits :
Edouard interviewe des gens anonymes joués par des acteurs :
¾ Madame, vous représentez, j'en chialerais presque, le pays réel.
¾ Oui, je suis directrice d'une fabrique de vin de noix qui emploie 400 000 personnes à Dunkerque, répond un gros chauve déguisé en femme en robe rose.
¾ Vous êtes le pêcheur personnel de Michel Platini.
¾ C'est vrai.
¾ Est-ce que c'est une activité à temps complet…ou y a du loisir quand même ?
Lors d'un repas un peu arrosé, en fin de soirée, le voisin qui a participé aux sketchs toute la semaine se lâche :
¾ Moi, j'ai pas un nom à consonance israélite très forte donc je pensais jamais avoir l'opportunité de rencontrer des gens comme vous, des artistes, des gens de la télé, donc je suis très heureux ce soir. (Silence gêné.) Ca m'fait penser : vous connaissez l'histoire du nègre et du juif qui rencontrent une division S.S. en 42 ? Moi non plus mais je sais qu'elle finit bien.
Edouard inaugure un magasin de meubles, au côté de Focard, le directeur fier comme un paon et le moins qu'on puisse dire et qu'il y met du sien :
¾ On tripe Focard...combien je dois débourser pour m'offrir une vie Focard, une vie de rêve ? Grosso modo…c'est dur à dire quand on est là et qu'on voit tout ce panel, ces couleurs, ces saveurs…oui, il y a des saveurs Focard, on peut lécher ce canapé, on en a plein la bouche.
¾ « Akoibon »
Avez-vous déjà assisté à l'explosion d'un film en plein vol ? C'est impressionnant. C'est exactement ce qui arrive à la cinquante-sixième minute de ce film quand Edouard Baer casse son jouet en nous montrant qu'il y avait un film dans le film. Preuve qu'il refuse la fiction, comme dans le premier, où l'on ne pouvait lui reprocher le manque de construction et le côté sketch puisque ça racontait justement les impros de sketchs d'une bande ressemblant fort à la sienne. Ici, il ose la fiction (il joue non plus Edouard Baer le comique télé mais Daniel, un père de famille nombreuse ayant craqué sur une fille fan de Moustaki sur un forum consacré à la chanson française), tient la narration (beaucoup plus construite et complexe) et les personnages pendant presque une heure avant de refuser de faire du cinéma en se sabordant par une réplique définitive assénée par Barnes à Jean-Mi : « Je te vire pas du spectacle, je te vire du film ». Ensuite, les quarante-quatre dernières minutes ne sont qu'un démontage assez pathétique, pénible et bavard du film et de la fiction : ce n'est pas drôle, pas intéressant et même un peu triste (on a l'impression que Baer ne se fait pas plus confiance comme réalisateur qu'au pouvoir de la fiction). Reste un casting époustouflant : outre Baer himself, on trouve Rochefort excellent en vieux beau has been à la Eddy Barclay, Poelvoorde en looser touchant méprisé par tous (y compris sa femme) mais qui veut bien faire, Chiara Mastroiani, Marie Denarnaud, François Rollin, sans oublier Jeanne Moreau effrayante en « marraine » de la pègre locale, Josée Dayan en Jaqueline Pommart alias « La femme qui a dit non à Keith Richards » et une apparition onirique de George Moustaki.
Si les personnages féminins ne sont pas très réussis, les films de Baer sont plein d'hommes à la dérive, pseudo-comiques mais franchement désespérés sous le masque du clown, à la limite de l'auto-destruction pour ne pas dire du suicide. Dans « La Bostella », il y avait le « gros chauve en poufiasse » qui pétait un plomb et cassait tout dans la salle de bain où Edouard se prélassait avant de sauter par la fenêtre, et le directeur de théâtre qui rêvait de monter Brecht et souffrait d'être pris pour un con lors des impros ; dans « Akoibon », c'est Rollin (en réalisateur raté) qui fait une pseudo-tentative de suicide au rasoir au niveau de l'arcade sourcilière et surtout Poelvoorde alias Jean-Mi qui se supprime par immersion dans la Méditerranée. Le film, outre quelques gags et répliques sympas, vaut surtout pour Poelvoorde auquel Baer offre un grand rôle tragi-comique (il n'a jamais été aussi bien au cinéma depuis « C'est arrivé », c'est dire).
Extraits :
¾ Tu sais pourquoi on fera jamais l'amour toi et moi ? demande Rollin, réalisateur à la fille de Barnes qu'il filme toute la journée.
¾ Parce que j'ai pas envie ?
¾ Quel âge tu me donnes ? demande Jaqueline Pommart à Nader.
¾ 65, répond-il après un long silence.
¾ Connard.
Un chanteur à guitare, peu au fait de l'actualité internationale, chante ces paroles :
« R.F.A., R.D.A., y a-t-il une chance que ce mur enfin tombe ? »
# Enfin une fille drôle et politiquement incorrecte à la radio : « Bons baisers de Manaullt »
Si comme moi vous pensez à changer de sexe quand vous entendez que l'humour féminin est incarné par Anne Roumanoff, écoutez France Inter le samedi et le dimanche à 8h55. Une fille nommée Manault y fait une pastille de trois minutes sur des sujets délicats : il y est souvent questions des relations entre hommes et femmes (pour ou contre l'éjac faciale ?) mais aussi de sujets plus sociétaux qu'elle aborde de façon décomplexée et assez dérangeante. Tout le monde en prend pour son grade : les vieux beaux, les sales cons, les pétasses, les mal baisées, j'en passe et des pires. Les textes sont en général très bons et bien joués avec des gimmicks qui fonctionnent bien. Bref, c'est drôle, gonflé et bien vu : au C.A.K.E., on adhère.
# LE BESTIAIRE DU C.A.K.E.
Au CA.K.E., on est misanthrope mais on aime les animaux ¾ un peu comme Brigitte Bardot mais en moins mariée avec un type du F.N. ¾ et on vous le prouve aujourd'hui avec cette sélection d'animaux (dont on a piqué les définitions à Woody Allen, Desproges, Vialatte et Chevillard)
# Woody Allen : « Dieu, Shakespeare et moi », Points.
¾ Le croquin : « Le croquin est un monstre marin avec le corps d'un crabe et la tête d'un expert comptable assermenté. »
¾ Le grand rhou : « Le grand rhou est un animal mythique, qui a la tête d'un lion et le corps d'un lion, mais ce n'est pas un lion. Le rhou a la réputation de dormir pendant mille ans, puis de prendre soudainement feu, particulièrement s'il fumait au lit. L'apparition d'un rhou est généralement considérée comme maléfique, et précède la plupart du temps une famine ou une invitation à un vernissage. »
¾ La mougnarde : « La mougnarde est une grande souris blanche avec, imprimée sur l'estomac, les paroles de Chantons sous la pluie. La mougnarde est absolument unique parmi les rongeurs, en ce qu'on peut en jouer comme un accordéon. »
# Pierre Desproges : « Dictionnaire superflu à l'usage de l'élite et des bien nantis », Points.
¾ Le pangolin : « Mammifère édenté d'Afrique et d'Asie couvert d'écailles cornées, se nourrissant de fourmis et de termites. Le pangolin mesure environ un mètre. Sa femelle s'appelle la pangoline. Elle ne donne le jour qu'à un seul petit à la fois, qui s'appelle Toto. Le pangolin ressemble à un artichaut à l'envers avec des pattes, prolongé d'une queue à la vue de laquelle on se prend à penser qu'en effet, le ridicule ne tue plus. »
¾ Le xiphophore : « Le xiphophore est un petit poisson de coloration variée, de six à dix centimètres de long, originaire du Mexique, très fécond, et qu'on trouve fréquemment dans les aquariums, à condition de le mettre dedans. (…) Comme la plupart des poissons, le xiphophore affiche en permanence une expression béate. C'est parce qu'il baise dans l'eau. C'est très très bon pour la béatitude. Au contraire, les gens qui n'ont jamais baisé dans l'eau, comme Adolf Hitler ou Ludwig Von Beethoven, affichent volontiers un air revêche. Au moment de se reproduire, le xiphophore émet un cri strident : « Christiane ! » pour appeler la xiphophorette qui arrive bientôt ventre à flotte, la caudale en feu. S'ensuit alors une danse d'amour effrénée dont le tendre spectacle ne peut que toucher le cœur de tout homme capable de supporter un documentaire écologique marin sans balancer ensuite une grenade offensive dans le lac d'Enghien. »
# Alexandre Vialatte : « Bestiaire », Arléa.
¾ Le cheval : « Qu'est-ce que le cheval ? Tout le monde a la notion du cheval. Si on ne l'a pas, il suffit à l'esprit de se représenter un âne, mais un grand âne avec la queue moins étriquée. Ou alors un bœuf en moins gros, sans corne et avec une crinière. Ou à la rigueur un homard, mais sans pinces et sans carapace, monumental, avec le poil luisant et des sabots qui sonnent sur une route asphaltée. Ou alors un très grand lapin, un gros lapin de cinq cent kilos qu'on pourrait atteler à une voiture et qui ressemblerait à un cheval. Ou encore un paquet de lapins, de cinq cent lapins d'un kilo pièce, agglomérés pour faire un lapin synthétique qui aurait une crinière abondante et une scelle de jockey. Bref tous les animaux sont propres à donner une idée du cheval à condition de les faire déformer par l'esprit dans le sens qui les rapproche réellement du modèle. »
¾ Le kangourou : « Le kangourou date de la plus haute antiquité. Scientifiquement, il se compose, comme l'Auvergnat, de la tête, du tronc et des membres. Quand Dieu le créa, pour la beauté de la chose, il y prit un plaisir extrême. Il le regarda d'un air étonné et ravi. Se caressa la barbe avec perplexité. Puis, le prenant entre le pouce et l'index, le laissa tomber sur l'Australie, patrie des animaux étranges. (…) Le kangourou foisonne. Le kangourou pullule. Le kangourou est au coin de la rue. »
¾ L'ours : « L'ours, aux premiers froids, gagne sa chambre souterraine. Il y dort contre le mur, debout, au garde-à-vous, parallèlement à sa femme. Cette position leur est facilitée par leurs pieds plats. L'ours a en effet les pieds plats. Il est de plus fidèle, monogame et bisannuel dans ses devoirs conjugaux. Tous les deux ans, il naît à l'ours et à sa femme un ourson pas plus gros qu'un rat qui leur fait honte par sa taille ridicule. Petit à petit, il devient gros comme un ours, il mange une fillette de l'Ariège, on vend sa peau à un charcutier de la rue de Bucy et on le tue au bord d'un gave. »
# Eric Chevillard : « Palafox », Editions de Minuit.
¾ Palafox : « Certes, à première vue, tout laisse à penser que Palafox est un poussin, un simple poussin, puisque son œuf vole en éclats, un autruchon comme il en éclôt chaque jour de par le monde, haut sur pattes et le cou démesuré, un girafon très ordinaire, au pelage jaune tacheté de brun, un de ces léopards silencieux et redoutables, volontiers mangeurs d'hommes, un requin bleu comme tous les requins bleus, assoiffé de sang, en somme un moustique agaçant de plus, avec sa trompe si caractéristique, un éléphanteau banal, mais bientôt on se prend à en douter ».
Pour conclure, deux bestioles bizarres issues d'épisodes de GARREC ET PALARDOUX lisibles sur le blog :
¾ le Kriboulak (Saison 1, épisode 4) : le Kriboulak est un animal mythologique et, accessoirement le titre d'un poème hallucinatoire de 1918 écrit par une certaine Marie-Emilienne Grizaille. Dans cette oeuvre, que d'aucuns prétendent autobiographique, il est question d'un monstre mythologique qui tue des hommes et des animaux puis s'en approprie les pouvoirs en les incorporant à sa propre substance transcendée. Reconstitué par un tueur zinzin, cela ressemble à peu près à ça : « Sa tête est celle d'un poulpe au bec de canard et aux défenses de morse, surmontée de bois de cerf et de deux pieds fraîchement tranchés ; son corps est recouvert d'une trentaine de peaux d'animaux divers en patchwork ¾ couguar, gorille, yack, lion, chihuahua ¾, de ses côtes partent huit bras humains, dans son dos se dressent deux paires d'ailes de cygnes drapées de peau humaine, l'une de ses mains est une patte d'ours, l'autre possède dix doigts en cobras, ses jambes sont en corps de girafons et ses pieds emmitouflés dans des pantoufles en kodkods. Comble de l'horreur, il porte une chouette laineuse en guise de cache-sexe et un perroquet à tête de rat sur chaque épaule. »
¾ Le tapinos (Saison 1, épisode 6) : « mélange de tapir et de tamanoir albinos », le tapinos est un animal très laid bien que pacifique ; c'est une bête de compagnie ramenée d'Afrique du Sud dans des circonstances troubles. Cet animal à la santé fragile s'appelle en général « Kiki » ; il est de coutume de l'enterrer dans un tupperware isotherme. A notre connaissance, son apparition dans l'épisode mentionné est la seule occurrence du tapinos dans l'histoire de la littérature mondiale (et c'est tant mieux).
# « Modèle déposé » : l'unique et hilarant spectacle de Benoît Poelvoorde
Comme vous le savez, je suis fan de Poelvoorde (qui est parfait dans le dernier film de Podalydès « Bancs publics » en client du magasin de bricolage, malgré un chandail hideux) même s'il faut reconnaître qu'il n'a pas joué que dans des chefs-d'œuvre (disons qu'il n'a pas eu les rôles qu'il mérite). J'attire donc votre attention, chers compatriotes de la République du C.A.K.E., sur le D.V.D. de son spectacle de 1995 écrit avec Bruno Belvaux et Jean Lambert. Spectacle : le terme à son importance car on est bien loin ici des stand-up qui font florès ces temps-ci se contentant de faire tenir ensemble un ramassis de blaguounettes éculées (Arthur et consorts) et d'en assurer la promotion par un plan média du genre bulldozer. Il s'agit d'une vraie pièce de théâtre centrée sur le personnage de René Altrus, un chercheur, sorte de « Géo Trouvetout » des temps modernes (la Borne Major étant sa principale invention à ce jour) dont la compagne, Mélissa, vient de faire un tube (disque vendu à plus de 250 000 exemplaires en trois mois) et s'est barrée avec Mario, leur gentil voisin qui l'a poussée à faire carrière dans la musique.
Le spectacle se déroule dans un Café de la gare apparemment minuscule, le public mis à contribution (ils sont invités à venir sur scène, à lire à voix haute une liste de dépenses inconsidérées de Mélissa) joue le jeu à fond et Poelvoorde improvise à plusieurs reprises, même si on sent que la pièce est très écrite. Où l'on se rend compte (ce que Monsieur Manatane, toujours assis sur son fauteuil, a pu contribué à nous faire oublier) à quel point Poelvoorde c'est aussi un corps comique : René a tendance à s'emporter, à faire de grands gestes accompagnant ses longues tirades lyriques, il danse et chantonne sur la musique du juke-box ¾ personnage à part entière ¾, on assiste à sa toilette derrière un paravent et il se retrouve même en slip et marcel blancs en train de mimer une adaptation hollywoodienne de la Bible. Et même si on n'est pas loin de croire comme René que « la vie ne fait pas de cadeaux », ce spectacle est une super bonne surprise et on se plaît à rêver de retrouver Benoît dans une telle forme dans le futur, sur scène ou au ciné (s'il a renoncé à ses projets de se reconvertir en libraire).
Extraits :
« Qu'est-ce que c'est ça, mademoiselle ?
¾ Un tabouret.
¾ Non, ce n'est pas un simple tabouret : c'est un facteur d'humiliation, ça, mademoiselle. Oui, quand permettra-t-on aux hommes de petites tailles ou aux unijambistes de poser eux aussi leur coude sur le zinc et sans risque afin de dialoguer avec leurs camarades de boisson, hein ? Quand ? Je vous le demande. »
« Et dire qu'il y a des gens qui font l'amour quatre fois par jour : disons douze/treize minutes pour les préliminaires, treize/quatorze minutes pour l'acte en lui-même, 30 minutes pour la douche, multiplié par quatre : ça fait quatre heures. Mais comment font ces gens ? Ils vivent de quoi ? »
« Le cinéma, parlons-en : cette magnifique invention des frères Lumière, mise maintenant au service de la bêtise et de la haine. Il n'y a plus de grands et beaux films comme avant, privilégiant les valeurs humaines et la détermination dans l'effort…y en a plus hein ? Où sont-ils les films comme « Polly et le petit cheval » ? (…) « My left foot » : un témoignage extraordinaire que celui de cet homme qui, avec son unique pied gauche, révolutionne l'histoire de la peinture irlandaise, de la poésie irlandaise, de l'ivresse irlandaise. Ca c'était un grand film : un cerveau dans la chaussure ».
« Rain man : vous savez, c'est l'histoire de ce petit pompiste qui casse la baraque à Las Vegas en Chevrolet avec un nain autiste… Mademoiselle, allez demander à une mère de vous prêter son enfant autiste pour aller au casino… Vous n'allez pas rentrer plus riche que moi (rires appuyés), je connais personnellement des parents d'enfants autistes, soyons sérieux (air grave) il ne faut pas rire vous savez.»
« La futilité…les gens en abusent…les journalistes, y a plus de grands journalistes : où sont les Kessel, les Pullitzer, les forcenés de l'information ? (…) A présent, les journalistes ne sont plus que d'infâmes cafards se gavant de l'anecdotique crapuleux, les journalistes sont les acariens du monde moderne : ils se nourrissent de nos peaux mortes. Je n'aime pas le journalisme : le journalisme est à la science ce que le Portugal est à l'Europe, c'est une entité négligeable ! »
« J'étais devenu une loque madame, une véritable loque : j'ai même été jusqu'à donner des noms d'animaux à Mélissa : mon petit lapin, mon petit canard, mon petit poussin. Mais comment peut-on appeler celle qu'on aime « mon poussin » ? Un poussin, ça pue et ça mange sa merde, et puis ça grandit et ça devient une poule. Mais ça, « ma poule » on le dit pas : ça fait vulgaire. Non, pourquoi pas « petit porc » ou « petite truie » : c'est de la zoophilie. Non, Dieu merci, je me suis ressaisi. »
« Je ne suis pas inépuisable, j'ai dû faire un choix parce que des millions de gens s'intéressent à mes recherches…parce que baiser, baiser, baiser mais qu'est-ce que je répondrai au monde moi ? Désolé, j'étais là pour baiser avec une femme ? Le Japonais n'attendra pas que j'ai fini de grimper : le Japonais ne gaspille pas son quota de kilojoules, le Japonais est malin, le Japonais est rusé. »
Pour justifier que son invention est quelque peu encombrante :
« Faut savoir que le premier pacemaker pesait 29 kilos. »